top of page

La Morsure

L’enfant qui mord… Comment réagir ?

La morsure fait partie des problématiques que l’on rencontre de manière quasi inévitable en crèche… elle suscite souvent des réactions de la part des familles, des questionnements de la part des équipes. Que ce soit l’enfant qui mord ou celui mordu, cela soulève toujours les questions : « pourquoi mord-il » ? Ou « pourquoi est ce que mon enfant est toujours « victime » de morsures ? Cette question du « pourquoi » est redondante… elle remet souvent en cause les équipes de professionnels, parfois démunis, qui se demandent alors : comment réagir ? Que mettre en place ?

Les enfants « mordent la vie à pleines dents ». La morsure fait partie d’une période normale de leur développement, même si tous les enfants ne mordent pas. La bouche est très utilisée de la naissance à deux ans environ, elle est un moyen de découvrir et comprendre l’environnement, les objets, les autres… Allons un peu plus loin pour tenter de comprendre les morsures et ce qu’elles peuvent signifier.
 

Pourquoi les jeunes enfants mordent ?

Ce qu’il faut savoir, c’est que la morsure est fréquente en crèche, tant l’utilisation de la bouche, comme troisième main, est privilégiée par le jeune enfant pour découvrir le monde, les personnes et les objets, mais aussi pour dévorer et détruire. La morsure, c’est un acte impulsif, que l’enfant ne maîtrise pas. Elle peut traduire différentes choses, en fonction du contexte. Elle est tout autant un acte d’attaque, de défense ou d’amour. Plusieurs explications sont possibles lorsqu’un enfant mord ;

Il a mal aux dents

En période de poussée dentaire, le bébé peut souffrir au niveau de ses gencives. Mordre est une manière de soulager sa douleur. A défaut d’avoir autre chose « sous la dent », un bras qui passe par là peut lui permettre de soulager.

Il aime

«Je mange ce que j’aime, je recrache ce que je n’aime pas ». La morsure peut être un acte d’amour. Certains bébé mordent leur parents, non pas pour leur manifester de l’agressivité, mais pour les « manger d’amour ». Les parents n’ont-ils pas parfois cette expression « je te croquerai bien ? », « tu es à croquer » ? Pour le bébé c’est la même chose, il veut dévorer sa mère ou son père, sauf que ce n’est pas imagé, mais bien concret pour lui. Il approche sa bouche comme pour faire un bisou, mais ne sachant pas comment faire ce bisou, il croque.

Il n’a pas encore acquis le langage

L’enfant n’ayant pas encore acquis le langage utilise son corps pour s’exprimer. Ainsi, la morsure peut être liée à ce besoin de dire à l’autre qu’il n’est pas d’accord, content, ou frustré. Le bébé ne peut pas trouver d’autres moyens de communication. Nous constatons souvent que lorsqu’un enfant a les mots pour dire les choses, les morsures s’atténuent pour devenir inexistantes.

Il veut le jouet d’un autre enfant

Lorsqu’un enfant veut absolument le jouet que possède un autre enfant et que celui ci ne veut pas le lâcher, il le mord afin de l’obtenir. N’ayant pas encore de langage et étant pris par l’émotion, l’enfant agit par son corps : en poussant, tapant, ou en mordant. Les jeux sont fréquemment sources de conflits entre enfants, et c’est souvent pendant ces moments là que l’agressivité entre enfants s’exprime. En effet, si les interactions entre enfants peuvent être positives (des enfants qui jouent ensemble ou à côté, des rires, des cris…) elles peuvent également être négatives. La rencontre de l’ « autre » est toute nouvelle pour l’enfant qui ne sait pas trop comment l’appréhender, elle peut être génératrice d’agressivité.

Les jeux sont souvent l’occasion de bousculades et de conflits de territoire mais aussi d’excitation affectueuse. D’autant que les lois humaines, telles que ne pas faire mal ni à autrui ni à soi-même sont en cours d’intériorisation et d’apprentissage. C’est ce qu’on appelle le processus de socialisation. Les enfants découvrent l’environnement dans lequel ils vivent, ils apprennent peu à peu à réguler leurs émotions, leurs affects, les relations avec les autres et leurs frustrations liées aux interdits.

Il a besoin d’une attention particulière

La morsure peut s’expliquer lorsqu’un enfant est confronté à des changements, que ce soit dans sa vie familiale ou dans la collectivité. Les changements de repères génèrent chez certains de l’angoisse. Avoir des comportements agressifs, et notamment mordre, peut alors être un moyen d’exprimer un malaise. L’enfant va solliciter l’adulte de cette manière. Un déménagement, l’arrivée d’un petit frère ou petite sœur, un parent qui s’absente beaucoup…. peuvent entrainer un sentiment d’insécurité, de la jalousie aussi.

Parfois, lorsqu’un enfant mord beaucoup dans une journée et que cela se répète dans la durée, c’est qu’il a un besoin d’attention plus important qu’avant. Dans la collectivité, il n’est pas seul, et mordre, tout comme taper, pousser, peuvent être des signes d’un besoin d’une attention particulière. Les enfants savent comment solliciter le regard de l’adulte et son attention. De cette manière, même si l’adulte réagit négativement, l’enfant sait qu’il capte l’attention de l’adulte. L’enfant a peut être tout simplement besoin d’être davantage regardé, observé, câliné à un moment donné.

Il est pris par une pulsion

Le bébé ne peut encore contrôler ses pulsions. Face à une frustration, l’enfant est submergé de tension et a soudainement une réaction brutale, qu’il ne peut contrôler. En crèche, il y a de nombreuses frustrations : contraintes de temps, d’espace, les relations avec les autres enfants… La collectivité demande un temps d’adaptation… Ces frustrations peuvent ainsi mener les enfants à réagir de manière agressive. D’autant que le langage est en construction et que l’enfant n’a pas les mots pour exprimer ce qu’il ressent. Il ne sait peut-être même pas ce qu’il ressent tant les morsures sont liées à une pulsion incontrôlée.
 

Comment réagir ?

Un enfant qui mord ne veut absolument pas dire qu’il est mauvais, pas gentil, « violent », comme nous pouvons souvent l’entendre. D’ailleurs seul son acte est répréhensible. Il est essentiel de ne pas stigmatiser un enfant comme étant « l’enfant mordeur », le « méchant »… car plus il sera qualifié de tel, plus il risque de s’enfermer dans ces comportements là. Il est important de se dire que l’enfant est en construction et qu’il doit apprendre à gérer et contrôler ses émotions autrement. C’est en l’accompagnant qu’il sera en capacité d’intégrer les règles et codes sociaux, et non en le réprimant, lui qui a tout à apprendre, dans ses relations avec les autres notamment.

Certains parents pensent que mordre l’enfant en retour, cela lui montrera que ça fait mal et donc qu’il ne faut pas le faire. Or, c’est une erreur de penser cela car l’adulte est le modèle de l’enfant, et l’enfant imite les adultes qui s’occupent de lui. Si un enfant est mordu en retour, cela lui montrera que c’est un moyen de régler un problème, que cela est permis. Même si le contraire lui est dit, l’enfant retient tout aussi bien les actes. Alors, ce n’est pas la solution pour faire comprendre à l’enfant que c’est interdit, c’est même contradictoire, et l’enfant n’en sera que plus perdu !

En outre, il ne sert à rien de stigmatiser, exclure ou gronder l’enfant mordeur, bien au contraire, il a besoin d’une attitude bienveillante. Il n’est pas question de le féliciter de son acte, mais ne pas le réprimander pour autant, il a tout autant besoin d’être consolé que l’enfant mordu. En effet cette action le dépasse souvent, et il n’a pas conscience du mal qu’il fait. Il a besoin que le lien affectif soit consolidé, afin de pouvoir constituer une vision empathique avec les autres. L’enfant agresseur a aussi besoin de trouver du réconfort et de la compréhension de la part de l’adulte. Il est souvent dépassé par ses pulsions et a besoin que l’on mette des mots et l’accompagne.

Le rôle de l’adulte est alors de signifier à l’enfant qu’il a le droit d’être en colère, de se sentir malheureux, de ne pas supporter certaines situations, mais qu’il n’a pas le droit de faire mal aux autres. À la crèche nous verbalisons beaucoup et nous émettons des hypothèses sur ce qui l’a amené à mordre. Nous mettons des mots sur ses actions, nous lui expliquons l’interdit, et essayons de trouver des moyens pour qu’il agisse autrement.
 

Avoir une attitude bienveillante et non de rejet

Nous concevons que cela n’est pas évident, mais il est nécessaire de garder son calme autant que possible, d’être en capacité de prendre du recul et de ne pas se laisser prendre par une vision négative de l’enfant. Il est essentiel de réagir sans violence, verbaliser les situations, même lorsque cela est répétitif. Certains enfants mordent beaucoup dans une journée, cela peut être un appel à l’attention, dans cette collectivité où il n’y a pas que lui, lui qui a besoin d’être le centre d’attention. Dans ces cas là, un adulte qui reste disponible pour cet enfant peut être nécessaire, pendant une période, afin que l’enfant se sente suffisamment sécurisé et pris en considération en tant qu’être unique.

Nous pouvons également proposer des objets ou peluches qui sont destinés à être mordus, afin de pouvoir répondre à ce besoin pulsionnel ou à la manifestation d’agressivité. De cette manière, l’enfant pourra investir cet objet afin d’y évacuer ses tensions agressives, ses frustrations. Tout dépend de la situation, du contexte. Dans tous les cas, aucun acte de morsure ne reste sans tentative d’explications et de proposition de réponses.

Les morsures ne sont que passagères, et durent plus ou moins longtemps en fonction de l’accompagnement proposé. Il s’agit d’une réflexion en équipe pour chaque situation, car toutes les morsures ne s’expliquent pas de la même manière, tous les enfants n’ont pas les mêmes besoins et « raisons » de mordre.
 

Parents – professionnels : un dialogue nécessaire

La réaction des parents (mordeur ou mordu) peut être très violente, et cela peut s’entendre et se comprendre, car il ‘est difficile de voir son enfant marqué par une morsure, ou inversement, de savoir que son enfant mord. Dans tous les cas, les morsures génèrent des réactions, souvent négatives, et peuvent être sources de tension entre parents et professionnels. Lorsque les morsures sont trop nombreuses, elles incitent les professionnels à une remise en question, non pas sur leur professionnalisme, mais sur l’aménagement de l’espace, les jeux proposés, l’organisation et l’accompagnement des enfants. Tout cela est réfléchi. Des solutions sont cherchées pour pouvoir accompagner l’enfant, la famille, mais aussi pour créer une atmosphère qui ne soit pas génératrice d’agressivité. Il est important pour les familles de pouvoir exprimer leurs ressentis, mais il est tout aussi important pour les professionnels de ne pas culpabiliser et de susciter l’échange avec les familles. Lorsqu’un dialogue peut se créer, la confiance peut rester intacte, et les solutions peuvent être recherchées et trouvées ensemble. Parfois, rien que le fait d’en discuter résout naturellement les problématiques qui se présentent, car l’enfant sent qu’il est pris en considération… Alors, parlons-en lors des temps d’échange au quotidien, afin de pouvoir accompagner l’enfant au mieux.

 

LE SOMMEIL

Le sommeil : un thème essentiel dans le développement de l’enfant

Le sommeil chez l’enfant est bien souvent source de préoccupation pour les parents. En effet, c’est parce qu’il est vital au bien-être du tout petit et qu’il favorise activement son développement (physique, émotionnel, intellectuel, social) qu’il est aussi important !

Par exemple, un enfant qui dort bien (sommeil de qualité) profitera de sa journée avec sérénité et plaisir. Cela lui permettra d’accroitre ses découvertes, ses expériences, son relationnel avec autrui mais également une meilleure connaissance de lui-même (comprendre et apprendre à gérer ses émotions).

En revanche, lorsqu’un enfant a mal dormi, cela donne directement le ton de la journée. Que ce soit au réveil du matin (mauvaise nuit) ou à la fin de journée (peu voire pas de sieste), la suite des évènements devient difficile à gérer : le repas, le temps de jeu, le bain, la gestion des émotions. L’excitation et même l’endormissement du soir peuvent s’avérer des moments détestables alors que le parent, qui n’a pas vu son enfant de la journée (et qui lui aussi peut être fatigué par sa journée professionnelle) souhaite que ces instants de partage soient agréables.
 

Quels rituels d’endormissement pour démarrer une bonne nuit ?


L’endormissement c’est un peu ce qui amorce le sommeil et donc le reste de la nuit. S’il se passe de façon calme et posée, le sommeil de votre enfant n’en sera que le reflet.

Il faut savoir que s’endormir, que ce soit pour un adulte ou pour un enfant, c’est apparenté à une déconnexion de la vigilance, de l’environnement dans lequel nous sommes. C’est accepter de renoncer à la réalité qui nous entoure, lâcher prise. Et pour certains, ce n’est pas chose facile…

Les rituels d’endormissement sont de bons moyens de donner des repères à l’enfant au moment du coucher. Ils lui permettent de développer un sentiment de sécurité et de s’endormir plus facilement sans appréhender ce moment.

  • Préparer l’enfant au moment du coucher permet une transition entre le temps de jeu et le temps de sommeil. La verbalisation est importante car elle permet de le prévenir, le préparer et l’accompagner au mieux à ce qui va arriver ensuite : l’endormissement et le sommeil.

  • Des paroles calmes et réconfortantes peuvent apaiser les angoisses de séparation qui accompagnent le processus d’endormissement. Faites confiance à votre enfant, dites-lui, expliquez-lui (« Je sais que tu es capable de t’endormir », « tu es en sécurité, tu peux lâcher prise », « je suis là, tu peux compter sur moi si tu as besoin »…).

  • Il est possible de proposer à son enfant de lui lire une série de petites histoires (à vous de décider du nombre de petits livres/ ou un grand livre).

  • La position de sommeil : il peut être placé sur le dos au début (comme cela est préconisé) mais certains enfants aiment être calés sur le côté ou se retournent d’eux-mêmes très vite.

  • La sucette et/ou le doudou : lui donner son doudou préféré ou lui demander avec quel doudou il a envie de dormir ce soir ? Prend-il son pouce, une sucette, un doudou pour son endormissement ou rien du tout ? Sont autant de questions que nous professionnelles pouvons vous poser lorsque nous allons accueillir votre enfant en crèche. Il est important que vous nous guidiez afin que nous respections les rituels, les habitudes de l’enfant pour l’endormissement.

  • Quelques fois certains enfants ont besoin de contenance, d’être endormis dans les bras (surtout les premiers mois de vie). D’autres préfèrent être bercés ou préfèrent s’endormir seul…

  • Vous pouvez lui chanter une ou des chansons en particulier, lui proposer une veilleuse musicale en fond sonore (ou mettre un CD en route) s’il n’aime pas s’endormir dans le silence.

  • Souvent, les parents prennent l’habitude de fermer la porte pour éviter que l’enfant ne soit réveillé par de la lumière ou du bruit, mais certains enfants ont besoin que la porte reste ouverte et d’entendre les bruits ambiants de la maison. Pour eux, c’est un signe qu’il n’est pas seul, que la maison vit (complètement, entre-ouverte / un peu ou pas de lumière).

 
Tous ces petits rituels sont autant d’astuces qui permettent à vous et votre enfant non seulement de partager un moment de plaisir ensemble, de vous dire bonne nuit mais aussi d’enclencher le processus d’endormissement de façon plus douce et agréable.

 

Les situations / questions fréquemment rencontrées en crèche


Les demandes des parents : « Surtout vous le réveillez au bout d’une heure, sinon il ne dort pas le soir »

Parfois, des parents nous demandent de ne pas trop faire dormir leur enfant durant la journée afin qu’il dorme et surtout, « s’endorme » mieux le soir venu. Cependant, c’est une croyance qui peut s’avérer nuisible de penser que moins l’enfant dormira sur la journée et mieux il sera disposé à l’endormissement. Bien au contraire, un tout petit qui accumule trop de fatigue dans la journée a tendance à vite devenir une « boule de nerfs » et ses émotions s’accroissent considérablement (excitation, colère, chagrin, cris…) au moment où il doit aller au lit.

De ce fait, un enfant qui dort bien pendant la journée sera plus reposé, plus serein, et aura plus de facilités à s’endormir le soir. C’est pour cela que, plus on respecte les besoins de sommeil d’un enfant, mieux il dormira. Vouloir « raccourcir » à tout prix ses temps de sommeil, c’est prendre le risque de « déclencher » un endormissement compliqué.

Jusqu’à deux ans, les siestes de la journée n’ont pas d’impact sur l’endormissement du soir… Il n’y a donc pas de raison de réveiller l’enfant qui dort. Cependant, au-delà de cet âge, il arrive que la sieste de l’après-midi puisse jouer sur l’endormissement du soir qui peut être plus tardif.

Après cela se fait au cas par cas, en fonction des situations de chaque famille, et à partir des échanges entre parents et professionnels. Dans les cas où il faudrait réveiller un enfant, cela ne se fait pas n’importe comment… il s’agit de réveiller l’enfant en douceur en le stimulant par des bruits environnants (en faisant un peu de bruit, en ouvrant la porte, en laissant passer un peu de jour/de lumière…) lui permettant alors d’émerger entre deux cycles, lors d’un micro-réveil. Il est important d’être attentif à cela afin de ne pas réveiller l’enfant qui est dans un sommeil profond.
 
Leurs angoisses : « Quoi ? Il a dormi jusqu’à 17h30 ? Ça va être compliqué pour l’endormir ce soir… »
Eh oui, en tant que professionnelles nous entendons souvent ce genre de discours chez les parents lorsque nous faisons les échanges du soir. Le parent formule cela comme une vérité. Il induit en quelque sorte cette idée à l’enfant, en le formulant à haute voix devant lui. Le parent peut se sentir stressé, angoissé car il va appréhender le moment du coucher, et cela va se répercuter sur l’enfant qui va en effet, avoir du mal à s’endormir. C’est ce que l’on peut communément appeler un cercle vicieux : plus il y a de pression, de stress, d’angoisse autour du sommeil, plus l’enfant le ressent et va dans le sens du parent. Le moment du coucher demande parfois un lâcher-prise de la part du parent pour éviter que les émotions négatives ne viennent entraver l’endormissement de son enfant.
 
La linéarité : « Avant il faisait des siestes de 3h, maintenant je trouve qu’il ne dort plus. 1h ce n’est pas assez »
Le fait de respecter les rythmes de sommeil de l’enfant lui permette de trouver un équilibre et de mieux gérer ses émotions. Cependant, il faut savoir que son sommeil, son rythme et sa qualité ne sont pas linéaires chez le tout petit. Il grandit, il évolue et se découvre des préoccupations différentes en fonction de son âge et de ses découvertes/expérimentations.

Ce qui est nécessaire de savoir, c’est que même s’il n’y a aucune problématique particulière, l’enfant peut plus ou moins dormir à mesure qu’il grandit (ses besoins évoluent, même pour le sommeil).

Peuvent apparaitre également des cauchemars lorsqu’il est à l’âge où l’imagination explose et qu’il aime lire des histoires de monstres, loups, ogres ou sorcières pour se faire « peur »… et des difficultés d’endormissement ou des réveils nocturnes. Nous avons souvent des parents étonnés que leur enfant, qui dormait si bien, a du mal à s’endormir, a besoin d’une présence, se réveille la nuit alors qu’il ne le faisait jamais… cela peut être temporaire ou apparaitre par « phases ».
 
« Pourquoi mon enfant ne dort pas ? »
Lorsque l’enfant commence à avoir des troubles du sommeil alors qu’il n’en avait pas avant, l’idée c’est de chercher d’où cela peut venir : est-il douloureux ? A-t-il des angoisses ? Y-a-t-il eu des changements à la maison ? (Il est passé en lit de grand ? il a changé de chambre ? un meuble a-t-il été changé de place ?), s’est-il passé quelque chose dans la journée qui a pu le « marquer » ?
 
L’enfant vit tellement de choses, qui nous paraissent parfois insignifiantes, qu’il ne faut pas s’inquiéter si, à des moments, le sommeil de l’enfant est perturbé. Cela peut se régler rapidement, avec des petits rituels que vous aurez pris le temps de mettre en place avec votre enfant afin de le rassurer, le réconforter, le sécuriser.

 

Comment les parents répondent aux réveils nocturnes des enfants…

 

On ne peut pas parler de « bonnes » ou de « mauvaises » habitudes en ce qui concerne le sommeil de l’enfant. Il est important de pouvoir réfléchir à ce que l’on met en place avec son enfant, de peser le pour et le contre mais également de se poser la question : est-ce que mon enfant en a réellement besoin ?

Le sommeil est quelque chose de complexe et délicat que nous ne pouvons pas contrôler. En fonction des cultures et traditions, des possibilités différentes s’offrent à nous et c’est à vous en tant que parent de faire vos propres choix en ce qui concerne les pratiques liées au sommeil.

Et s’il apparait des problèmes d’endormissement, ou des réveils nocturnes persistants, il peut être intéressant de « creuser » un peu plus en profondeur, de trouver et de comprendre d’où cela peut venir car le sommeil a quand même une grande part de psychologique. Quelques fois cela dépasse nos compétences et lorsque nous avons essayé avec vous tous les petits outils dont nous disposons, il peut s’avérer intéressant de demander de l’aide et des avis extérieurs… et surtout de ne pas avoir honte.

Différents professionnels en fonction de vos convictions et de vos croyances peuvent vous accompagner : naturopathe, homéopathie, micro-kiné, pédopsy… Nous sommes aussi là si vous avez besoin d’écoute, de soutien et d’accompagnement.
 

Quelques livres pour aller plus loin…
Cet enfant qui ne dort pas – Lyliane Nemet-Pier ; Albin Michel, 2003, 192 pages.
Le sommeil de l’enfant, Marie-Josèphe Challamel ; Masson, 2009, 208 pages.
Le sommeil du bébé, Elisabeth Darchis ;
Editions Philippe Duval, 2013, 128 pages.

Les règles et les limites : une manière de se construire
Petit point sur le développement de l’enfant

Les bébés ont une curiosité naturelle qui les pousse à explorer leur environnement. Lorsqu’ils commencent à bien  se déplacer, et surtout entre 9 et 11 mois, ils sont heureux de découvrir de nombreux endroits par eux-mêmes. Mais ils n’ont toutefois pas encore conscience des dangers potentiels qui existent dans leur environnement.
Pour assurer leur sécurité, il est alors important d’introduire quelques règles et limites afin qu’ils découvrent et intègrent peu à peu ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire.

Vers 12 mois, les tout-petits sont prêts pour les règles qui leur permettent d’apprendre des manières d’agir avec les autres personnes et les objets. À cet âge, les règles visent encore à assurer leur sécurité, mais aussi à limiter les gestes dits  « agressifs ». Par exemple : « sois doux avec ton ami » et « tu peux toucher cette plante, mais fais doucement, elle est fragile ».

Peu importe l’âge, dans tous les cas, les règles sont aussi là pour sécuriser et rassurer les enfants, particulièrement si elles sont appliquées avec constance. Ils savent ainsi à quoi s’attendre et comprennent de façon claire ce qui est accepté et ce qui ne l’est pas. Les enfants ont besoin pour cela de l’accompagnement d’un adulte qui fait appliquer le cadre (ex. : parent, éducateur). Sans ce cadre sécurisant et sécurisé, ils peuvent d’ailleurs se sentir angoissés et perdus en raison de la trop grande liberté qui leur est accordée.

Pourquoi faut-il poser des limites ?

Dire « NON » à son enfant n’est pas chose facile… Les parents ont souvent peur de sa réaction qui peut être parfois disproportionnée : l’enfant se jette par terre, se met à hurler et taper des pieds. Il arrive parfois qu’il tape l’adulte ou qu’il jette un objet car ses émotions (frustration, colère) sont trop intenses et qu’il ne sait tout simplement pas comment les gérer.

Nous avons tous été confrontés au « non », que ce soit pendant notre enfance ou encore même aujourd’hui dans notre vie d’adulte, et nous savons désormais comment gérer nos propres émotions face à cette négation et à la frustration. Mais cela nécessite un long apprentissage…

Il est nécessaire de pouvoir dire « non » en tant que parent et surtout, votre enfant a besoin de l’entendre dès son plus jeune âge. (Nous verrons plus tard que ce « non » peut être formulé autrement dans une démarche plus positive et bienveillante dans l’intégration des règles et limites.)

Pour bien grandir, les enfants ont en effet besoin de cadre et c’est là que les règles et les limites jouent un rôle important. Les interdits rassurent, créent un environnement dans lequel ils se sentent en sécurité. Ils permettent à l’enfant de situer sa place auprès de celle de l’adulte.

Pour l’enfant, adapter ses comportements en tenant compte de ses besoins et de ceux des autres est une vraie difficulté. Le cadre que vous fixez avec votre enfant lui permet d’avoir confiance en lui et en les autres, de se construire et se sociabiliser.

L’enfant a besoin de ces règles qui lui donnent des repères, pour comprendre :

  • Le monde qui l’entoure

  • Comment vivre avec les autres

  • Quelles sont les règles de la vie sociale

Pour résumer : Les limites et les règles permettent à l’enfant de trouver sa place, d’être rassuré, de distinguer ce qui est autorisé de ce qui ne l’est pas, ce qui assure sa protection et celle des autres et ce qui, à l’inverse, nuira à la vie en société.

Sentiments, oppositions et désirs sont naturels et méritent d’être écoutés… sans pour autant être toujours exaucés !

Comment les poser ?

  • « Formuler des règles positives » :

Les enfants comprennent beaucoup mieux les phrases affirmatives que négatives.
Pour faire court, les « ne pas » ne sont pas vraiment efficaces car le cerveau de l’enfant n’est pas encore assez mature pour faire des liaisons entre la phrase en elle-même et la négation qui y est à l’intérieur. Même si l’enfant comprend la négation, elle doit aussi faire un chemin bien plus long et compliqué pour être analysée par le cerveau.

Or, l’enfant est dominé par des pulsions qu’il ne peut maitriser et c’est pour cela que lorsqu’il entend « Ne met pas ça dans ta bouche », le cerveau décortique la phrase : « met » …. « bouche » … puis « ne… pas ». Mais comme l’enfant est dans la pulsion, la réaction physique sera donc plus rapide que l’analyse cérébrale : et voilà que votre enfant va immédiatement mettre dans sa bouche alors que vous veniez de lui interdire ! Vous pensez alors qu’il n’écoute vraiment rien…! Alors que c’est ce raccourci du cerveau qui amène une compréhension inverse de ce que vous venez de lui dire !

Quelques consignes, règles positives qui peuvent être adaptées à votre enfant :

  • « Parle plus doucement s’il te plait » plutôt que « Ne crie pas »

  • « Marche dans la maison » plutôt que « Ne cours pas »

  • « Descend du fauteuil » plutôt que « Ne monte pas sur le fauteuil »

  • « Laisse cet objet » plutôt que « Ne touche pas à ça », etc.

A vous de jouer pour adapter les négations !!! C’est un travail qui n’est pas évident mais qui gagne à être fait (à la crèche nous passons beaucoup de temps en équipe à réfléchir aux différentes formulations que nous pouvons utiliser afin de rendre les règles plus « positives » !)

Vous pouvez alors formuler des phrases positives qui résonneront mieux chez votre enfant. Ainsi, il respectera plus facilement l’interdit que vous lui avez posé. Une demande formulée de manière positive indique aux enfants ce que nous « voulons » qu’ils fassent, plutôt que ce que nous ne voulons pas qu’ils fassent. Cela permet également de rediriger l’action de l’enfant et son comportement, c’est ce que nous appelons faire une « proposition alternative » ici à la crèche.

 

  • Un enfant qui jette les jeux : « je vois que tu as besoin de jeter, de lancer. Peut-être que tu peux le faire avec ce ballon / cette balle ? » « Cela te dirait de faire une bataille de coussins ? »

 

  • Un enfant qui monte debout sur une table : « Je trouve ça dangereux ce que tu es en train de faire, cela me fait peur. Tu as très envie de grimper, je peux te proposer de sortir les blocs-moteur (ou de mettre en place un parcours moteur) pour que tu puisses le faire en toute sécurité. »

 

  • Un enfant qui tape un autre enfant : « Mais pourquoi est-ce que tu le tapes ? Tu es en colère ? Si tu as besoin de taper je te peux te proposer de taper sur le coussin ou sur ton doudou » / « Peut-être que c’est trop difficile pour toi d’être dans le groupe, est-ce que tu as besoin d’être un peu seul ou besoin d’un câlin ? »

 

Ce type de formulation dans un langage positif, qui joue sur la connexion émotionnelle propose une alternative qui convient à la fois aux parents, aux professionnels et aux enfants. Cela déplace le comportement de l’enfant dans une direction qui convient à tous sans pour autant formuler un interdit pur et dur.

La formulation de consignes positives invite à faire preuve de créativité : Qu’est-ce que je peux autoriser ou non à mon enfant en fonction de la situation ? Comment je peux respecter ses besoins, ses envies, ses jeux, ses explorations, ses apprentissages sans pour autant être catégorique ? Lorsque j’interdis quelque chose à mon enfant, est-ce que je le fais pour poser une réelle limite ou est-ce que je le fais par rapport à moi (mes peurs, mes valeurs, mes besoins…) ?

Il s’agit vraiment d’identifier le besoin de votre enfant à ce moment précis, de se questionner sur le pourquoi dans un premier temps, et sur le comment par la suite : qu’est-ce que je vais mettre en place et comment pour répondre à son besoin et éviter la négation stricte ?

  • Utiliser  « stop » plutôt que « non »

Par ailleurs, il est également préférable d’utiliser le « STOP » plutôt que le « NON » lorsqu’on souhaite interrompre une action d’un enfant et fixer une limite. Plus l’enfant entendra « non », plus il vous imitera et utilisera ce « non » contre vous, et plus cela vous agacera ! Utiliser le « stop » est intéressant car il amène une autre manière de dire non, et qui « stoppe » davantage l’enfant dans son action (cela va l’interpeller). Plutôt que le « non » qui, utilisé trop fréquemment, n’a plus vraiment de sens pour l’enfant et devient un « jeu ».

 

  • « Expliquer pourquoi cette règle/ cet interdit est établi »

Une règle sans explication trouvera peu d’écho chez votre enfant. Cependant, s’il comprend pourquoi telle ou telle consigne existe, il lui sera alors plus facile de l’accepter et de l’assimiler. Votre enfant est là pour apprendre, pour comprendre le monde qui l’entoure et les règles qui le régissent. C’est pour cela que l’explication est importante,  l’enfant lui, se pose tout un tas de questions afin d’appréhender son environnement : pourquoi papa/maman me dit « non » ? Qu’est-ce que ça fait si je fais ça ? Pourquoi n’ai-je pas le droit ?

C’est pour cela que plusieurs types de règles existent. Et c’est à vous en tant que parent, de les poser et d’expliquer clairement à votre enfant pourquoi vous posez ces règles et ces interdits-là. C’est d’ailleurs grâce à cela que votre enfant va se construire et apporter à son cerveau tout ce travail de réflexion, d’analyse et de compréhension et qui feront de lui un enfant comblé, épanouie.

 

  • Certaines règles existent pour favoriser la sécurité de votre enfant, elles relèvent de ce qui lui est formellement interdit, exclu. Elles sont posées de manière prioritaire pour protéger l’intégrité physique du tout-petit : « Tu donnes la main quand on traverse la rue car il y a beaucoup de voitures », « Il est interdit de toucher la porte du four car c’est très chaud, tu risques de te brûler ».

 

  • D’autres permettent de vivre en communauté et assurent le respect mutuel : « Il est interdit de taper les autres », « Prends soin du matériel »…

 

  • Enfin, certaines règles sont propres à chaque famille, à chaque situation et posent des limites dans le cadre du cercle familial : « Il est l’heure de se coucher, tu vas au lit ».

 

  • « Être constant / en cohérence »

Il est nécessaire de conserver les mêmes règles et de les rappeler très souvent. Mais pourquoi ?

Une fois la ou les règles établies, il est important de s’y tenir. En tant que parents ou professionnels, il apparait alors essentiel que les règles que vous fixez soient fermes et ne permettent pas la transgression. C’est pour cela que nous parlerons un peu plus bas de la cohérence entre les personnes qui accompagnent l’enfant tout au long de sa vie.

Rappeler encore et encore les règles pour qu’elles soient intégrées, comprises par les enfants. Que vous soyez parent ou professionnel, il est essentiel de répéter, de rappeler calmement les règles le nombre de fois qu’il faut.
Si un enfant se met en colère à cause d’une règle établie par l’adulte, il est important de l’accompagner à accepter cette situation de frustration : «Tu es en colère et tu en as le droit, mais je te rappelle que dans l’espace calme il est seulement possible de jouer calmement, et ton comportement ne te permet pas d’y rester. Tu peux aller dans la cours si tu veux. Là-bas tu auras la possibilité de crier, sauter et courir.»

 

D’accord répéter… mais si on répète la même chose TOUTE la journée ?! Les nerfs vont finir par lâcher…

Nous entendons et comprenons tout à fait ce que les parents veulent nous dire par là. Et oui, en tant que professionnels, nous vivons la même chose au quotidien lorsque nous nous occupons de vos enfants. Bien sûr, certaines fois, le fait de répéter n’est pas suffisant pour l’enfant, car celui-ci peut mettre beaucoup de temps avant d’intégrer la règle, l’interdit qui est posé. C’est pour cela qu’en cas de non-respect répétitif d’une règle ou d’un interdit il est important d’exécuter les « conséquences » qui ont été établies au préalable (que ce soit par les parents ou par l’équipe).

Par exemple, ici à la crèche, nous appliquons « la règle des 3 fois » :

  • 1ère fois : l’enfant transgresse la règle posée. L’adulte intervient et lui explique que ce qu’il vient de faire est interdit et pourquoi ça l’est. Nous utilisons également le signe « Interdit » issus de la Langue des Signes. Il lui propose une alternative afin de déplacer le comportement de l’enfant.

 

  • 2ème fois : l’enfant recommence. L’adulte intervient de nouveau : réexplique, verbalise, questionne l’enfant et propose de nouveau une alternative (qui peut être la même ou non / qui revient à dire « cela est interdit en revanche ça tu peux »). L’adulte rajoute qu’à la troisième fois (s’il recommence encore), il y aura une « conséquence » en fonction de l’action (attention, il ne s’agit pas de punitions, mais d’une action qui sera en lien et adaptée à la situation.).

 

  • 3ème fois : l’enfant réitère. L’adulte intervient et applique la consigne qu’il a donné précédemment. Une fois l’atmosphère détendue et l’enfant prêt à entendre à nouveau, l’adulte peut réexpliquer que ce qu’il vient de faire est interdit et pourquoi ça l’est.

 

Petit exemple pour illustrer cette méthode…

Un enfant commence à monter sur la table à la crèche…

1ère fois : « stop, c’est interdit de monter sur la table. C’est dangereux, tu risques de te faire mal. Si tu as besoin de grimper tu peux grimper sur ce bloc moteur. »

L’enfant continue son action…

2ème temps : « je t’ai dit que c’est interdit, si tu recommences et que tu montes sur la table, je te prends avec moi et je te déplace… ».

Il continue son ascension sur la table….

3ème temps : je le porte et le déplace, vers les blocs moteurs pour grimper, ou je le déplace dans la pièce vers un autre jeu… et je lui réexplique calmement que c’est trop dangereux, qu’il peut se faire mal, et que c’est interdit !

 

En agissant toujours au bout de la troisième fois, l’enfant sait que la limite, il finira par la trouver. L’adulte s’épuise alors moins, car sans cette « limite des trois temps » que nous nous imposons,  nous serions encore en train de lui répéter l’interdit, sans que cela ne fasse effet ! Loin de là l’idée de le « punir » pour qu’il « comprenne » ou de l’isoler seul dans un coin (il est trop petit pour « comprendre » et « réfléchir » à ce qu’il vient de faire !). 

L’objectif est donc d’appliquer l’interdit par une action qui va l’en détourner. A la crèche, nous pouvons demander à l’enfant de s’asseoir avec nous, lorsqu’il a besoin d’être isolé du groupe car il tape ou pousse par exemple et que cela devient compliqué à gérer pour lui. L’idée est de permettre à l’enfant de se recentrer sur lui-même car ses émotions débordent. L’accompagner c’est le maître mot : le prendre dans ses bras (créer de la contenance) ou tout simplement s’installer avec lui à l’écart des autres enfants pour lui permettre de décharger, lui proposer d’aller se ressourcer dans un espace dédié, avec son doudou et sa tétine… Sont tout autant de petites astuces qui peuvent lui être bénéfiques.

 

La cohérence ? Une façon d’intégrer les règles et les limites… mais qu’est-ce que c’est ?

Les tout-petits sont malins. Que ce soit avec vous parents, ou avec les professionnels, ils savent repérer la faille quand il y en a une. Par exemple, l’enfant va vite savoir vers qui se tourner si un adulte lui pose un interdit et que l’autre le laisse faire.

Dans le cercle familial, il est important d’éviter de se contredire avec l’autre parent et de se mettre d’accord ensemble sur les règles et les limites que vous fixez à votre enfant. En effet, le manque de cohérence est très déstabilisant pour un enfant, cela peut entrainer une insécurité, un mal-être ou une difficulté supplémentaire à intégrer la règle, l’interdit posé.

De plus, cela peut vous mettre dans une situation désagréable et vous mettre à mal. Nous entendons souvent les parents dirent « De toute façon, avec moi, il fait toujours ce qu’il veut, il ne m’écoute jamais. » Le fait de ne pas être en accord avec l’autre parent peut changer le comportement que votre enfant aura lorsqu’il sera en votre présence. Il est en capacité de se dire « maman me dit non mais papa dit oui » donc il va se diriger plus vers le parent qui ne donnera pas de règle ou alors « avec maman j’ai le droit, mais avec papa non » / « maman ne me dit rien et papa me demande d’aller dans ma chambre… »

Face à une incohérence au niveau des pratiques, au niveau des règles et des limites posées, votre enfant peut vite se sentir perdu, désorienté… et il peut justement vous « tester » encore plus, afin que vous lui posiez réellement le cadre dont il a besoin pour se construire et s’épanouir.

Dans le cas de parents qui sont séparés ou se séparent, il est important et même essentiel de maintenir une communication qui concerne l’enfant et son éducation. Même si cela peut être compliqué dans la relation entre les adultes, l’enfant reste au centre de l’attention, et maintenir une communication autour de l’enfant et son éducation est essentiel. Ce ne sera certainement pas pareil chez maman et chez papa, mais l’idée est de maintenir des valeurs communes pour un minimum de cohérence…

  • « Mettre des mots sur les émotions parfois débordantes de l’enfant »

Lorsque l’on pose une limite, un interdit, l’enfant peut parfois répondre de façon « excessive » car il est débordé par ses émotions intenses. Il se jette au sol, crie, tape l’adulte pour montrer son désaccord, son mécontentement.

L’enfant a besoin que son sentiment de frustration soit reconnu et compris par l’adulte sans jugement ; L’adulte qui met des mots sur ses émotions permet à l’enfant de se sentir reconnu et d’accepter la règle ou la limite posée. C’est ce qui le fait grandir !

 

  • Limiter les règles et les limites

Quelques fois nous donnons trop de règles et de limites et c’est souvent là que l’enfant peut s’y perdre. Il est important d’avoir un nombre limité de règles qui seront non négociables comme par exemple, l’interdiction de la violence (avec l’adulte et les autres enfants qu’il côtoie). Il faut aussi penser qu’il peut y avoir des règles modulables.

Exemple : Les enfants montent le toboggan à l’envers. Ils s’approprient l’équilibre, la sensation de hauteur, d’autonomie. L’enfant s’approprie le toboggan.

La règle du toboggan est modulable : si un enfant veut monter à l’envers le toboggan au moment ou un autre enfant veut le descendre normalement, alors l’enfant qui désirait monter fait le tour ou patiente.
Mais s’il n’y a personne et que l’enfant ne se met pas en danger, pourquoi pas ?

C’est pour cela qu’il est important de parler à l’enfant, de lui expliquer les choses afin qu’il comprenne pourquoi là c’est possible pour lui (il ne met en danger personne autour, ne se met pas en danger) et pourquoi d’autres fois ça ne l’est pas (dérange un autre enfant, met en danger ou se met en danger).

Si l’enfant persiste dans le comportement inapproprié, il est essentiel d’aller chercher derrière, de « creuser » ce que l’enfant nous montre à voir. En effet, un enfant ne « provoque » pas ses parents (ou l’adulte) mais peut chercher son attention concrète en prolongeant le comportement qui a fait réagir son parent. Il peut chercher à valider auprès de lui ce qui est bien interdit en reproduisant le geste en question (et ce plusieurs fois jusqu’à ce qu’il l’intègre), ou il peut simplement n’avoir pas compris les attentes. L’enfant peut tout à fait ne pas être pas capable physiquement et/ou émotionnellement de répondre aux attentes qu’on a de lui… C’est pour cela que la patience, la cohérence et la répétition sont de rigueur afin d’accompagner au mieux l’enfant dans l’intégration des règles et des limites.

Les croyances éducatives… Un juste équilibre à trouver

 

Les courants éducatifs sont nombreux et évoluent avec le temps.

Il existe beaucoup de croyances, des influences de toutes parts qui génèrent parfois des difficultés pour les familles à s’y retrouver dans tout ça. Comment pose-t-on des limites ? Que considère-t-on comme « bêtise » ? Faut-il punir son enfant ? Le mettre au coin ?

Nous observons des grandes diversités d’éducation dans les familles que nous accueillons, et souvent des familles qui sont un peu « perdues » entre ce que dit le pédiatre, la famille, ce qu’elles ont lu sur internet, et notre point de vue à nous… etc.

Deux croyances peuvent apparaitre, qui sont contraires :

  • Celle de ne pas frustrer l’enfant (une déformation de l’éducation bienveillante qui se transforme en éducation permissive)

  • Et celle au contraire, pour laquelle il faut absolument que l’enfant connaisse la frustration (une éducation un peu trop « cadrée »)

Voyons de plus près ces deux profils…

Entre l’éducation bienveillante et l’éducation permissive

Les nouvelles connaissances sur l’enfant, l’évolution du regard que l’on porte sur lui ont mis en lumière un type d’éducation « positive » ou connue aussi sous le nom d’éducation « bienveillante ». Celle-ci consiste à écouter son enfant, mettre des mots sur ce qu’il fait, sur ses besoins… reconnaitre son besoin et proposer des alternatives lorsqu’il fait des expériences. C’est ce que nous prônons à la micro-crèche. Un type d’éducation respectueux de l’enfant, de ses besoins, mais qui comprend des règles et des limites !

 

Sauf que ce type d’éducation est parfois mal interprété, et des parents pensent alors qu’il faut laisser tout faire à son enfant, et qu’il ne faut absolument pas le frustrer… Certaines familles acceptent mal les « crises » de leur enfant en cas de frustration car ses colères, ses réactions sont parfois disproportionnées.
Ou ils ont des difficultés à poser des limites tout simplement… Peut-être parce qu’ils pensent que leur enfant les aimera moins ? Qu’ils ont un sentiment de culpabilité ? Ou qu’ils appréhendent ces fameuses réactions de colère pouvant être parfois impressionnantes, ne sachant pas comment réagir.

Or comme nous l’avons vu, l’enfant a besoin de limites ! C’est ce qui l’aide à grandir et à se sentir en sécurité. Il a besoin également de se trouver confronté à ses émotions en cas de frustration. Comment pourra-t-il apprendre à gérer ses émotions s’il n’est jamais confronté à un refus de la part du parent ? Comment saura-t-il ce qui est acceptable de faire ou pas, s’il n’est pas guidé là-dedans ?

 

L’éducation bienveillante est une manière de poser les limites dans un esprit positif, d’écoute, et d’accompagnement de l’enfant lors de ses réactions face aux limites… mais elle contient quand même des règles et limites ! Attention à ne pas basculer dans ce qu’on appelle « l’enfant roi », pour qui tout est dû, et à qui on ne refuse rien…

Il y a juste équilibre à trouver. Il y a des choses que nous pouvons laisser faire à l’enfant, car elles correspondent à un besoin de découverte, d’expériences, mais d’autres qui ne sont pas négociables, car « c’est comme ça et pas autrement » !

 

A contrario, un « trop de limites » et de frustrations n’est pas forcément l’idéal non plus…

 

Cet enfant qu’il faut frustrer à tout prix

Il nous est déjà arrivé d’entendre qu’il FALLAIT FRUSTRER l’enfant, pour qu’il connaisse la frustration et qu’il apprenne les difficultés de la vie et à être confronté au « non ».

Ce type d’éducation est celui qui était prépondérant avant, à l’époque de nos parents, grands-parents, qui étaient élevés « à la dure » comme on dit. Une éducation faite de punitions, fessées, coins, caractérisée par un cadre strict, dans lequel l’enfant n’avait pas son mot à dire, et ses besoins n’étaient pas reconnus. Cette éducation est caractérisée par un adulte qui veut être respecté, qui crie, et qui fait peur à l’enfant !

Cette croyance qu’il faut apprendre l’enfant à être frustré est inutile. L’enfant rencontre bien des frustrations sur son chemin, dès sa naissance, qu’il apprend à gérer avec l’accompagnement de l’adulte. « Brider » son enfant et ne lui laisser rien faire, c’est tomber dans un « trop », qui pourra avoir des incidences plus tard sur l’adolescent/adulte qu’il sera.

Là encore, il s’agit de trouver un juste équilibre… et ôter cette idée de la tête qui est « j’ai été élevé à la dure et je n’en ai pas souffert ». Nos connaissances ont évolué, les enfants ont des besoins d‘expérimentations, qui ne sont pas forcément des « bêtises » mais des « expériences ».

Petite aparté sur la FRUSTRATION

La frustration : qu’est-ce que c’est ?

La frustration est un état d’insatisfaction provoqué par le sentiment de n’avoir pas pu réaliser un désir. Nous sommes tous programmés pour rechercher le plaisir immédiat, et c’est particulièrement vrai pour les enfants, qui vivent sous le mode « je veux tout, tout de suite ».  Ils se sentent frustrés quand ils se confrontent à la réalité, une limite, un interdit… et que leur désir ne peut être satisfait.

La frustration est inévitable, car on ne peut pas dire « oui » à tout, comme nous l’avons vu… comme il n’est pas nécessaire de frustrer à tout va ! Ce qui peut être compliqué par la suite, c’est la réaction de l’enfant face à la frustration, car oui il va inévitablement réagir… Cela peut se traduire par des pleurs, des cris, des colères, du « roulage par terre », etc… comment réagir alors ? Quelle attitude adopter face aux réactions parfois excessives de l’enfant ?

 

La décharge émotionnelle liée à la frustration

Le tout petit ne sait pas gérer ses émotions, il en est incapable, du fait de l’immaturité de son cerveau. Il n’a pas encore les clés et les outils, comme nous, adultes, pour gérer des émotions trop fortes. L’enfant a besoin de décharger ses émotions, et cela peut être de manière parfois impressionnante. On peut se dire qu’il « en fait trop », qu’il « exagère » … mais ce n’est pas de son plein grès. Ses réactions sont instinctives et il s’agit de ne pas les nier, de les reconnaitre, afin de pouvoir les accompagner au mieux.

L’enfant est parfois dépassé par ses propres réactions qu’il n’arrive pas à stopper. Comme la colère… elle peut générer des manifestations d’agressivité (contre les autres, lui-même ou contre vous), des pleurs incontrôlables, des cris, etc. A savoir que l’enfant n’est pas mature émotionnellement, il a été prouvé que la maturité émotionnelle, c’est-à-dire la capacité à ressentir, exprimer, mais aussi assumer ses émotions, n’est acquise que vers l’âge de 25 ans !!! Ce qui veut dire qu’un long travail est nécessaire pour acquérir cette capacité de gestion des émotions. Plus la réponse aux démonstrations émotionnelles de l’enfant est adaptée, plus cela l’aidera à les identifier et apprendre à les gérer.

 

Comment accompagner les cris, colères ?  

A la crèche, lorsqu’un enfant manifeste de la colère, nous lui proposons différentes alternatives :

Si l’enfant crie, nous pouvons lui proposer de crier dans un espace spécifique et repérable, ou il est toléré de crier, ou même dans un coussin…

S’il tape, tape des pieds, etc… nous lui proposons de taper dans un coussin, afin qu’il puisse décharger de manière acceptable 

S’il se jette par terre, nous le mettons dans un endroit sécurisé pour qu’il ne se fasse pas mal…

Et dans tous les cas, nous VERBALISONS et l’ACCOMPAGNONS lors de ces moments de forte décharge émotionnelle… nous lui permettons de décharger car il en a besoin, mais dans des espaces ou sur des objets sur lesquels il est acceptable de se défouler. Et surtout nous mettons des mots, et nous reparlons de ce qui vient de se passer une fois la tempête émotionnelle passée. Et nous lui offrons la sécurité affective dont il a besoin une fois apaisé en lui proposant un câlin s’il en a besoin ou encore son doudou et sa tétine.

Il est inutile et même néfaste de le « gronder » car il est en colère. Il est au contraire nécessaire de reconnaitre son émotion (ici sa colère), de mettre des mots dessus, et de l’aider à la surmonter… en grandissant, l’enfant va progressivement apprendre à la gérer, et l’orienter de manière adaptée. 

 

Si vous avez des questions ou souhaitez échanger à ce sujet, n’hésitez pas à nous contacter par mail ou nous solliciter lors des transmissions… 

L’agressivité de l’enfant est en effet un sujet incontournable en crèche car la collectivité pour les enfants de moins de trois ans est difficile à vivre. Être avec les autres, partager le même espace, les jeux, une certaine proximité, etc. peut générer ce que l’on appelle des « conduites agressives ». En plus de cela, les enfants passent par des phases dans leur développement pendant lesquelles ils s’affirment, se défendent, ou « attaquent » pour se faire une place dans le groupe.

Les enfants poussent, tapent, griffent, ou même mordent les autres enfants… cela fait partie des interactions « normales » entre enfants. Il est à noter ici qu’il n’y aucune intention de faire mal, ces attitudes sont des comportements « réflexes », instinctifs, qui ont parfois pour but de susciter des réactions. Les enfants en dessous de trois ans sont en effet dans la découverte de leur environnement, du monde dans lequel ils vivent, des autres, etc. Ils se construisent en faisant des expériences et en apprenant des réactions des adultes. À nous de les accompagner dans leur processus de socialisation, en leur montrant le chemin de ce qui est possible de faire ou non, de ce qui est interdit, de ce qui est bien/mal. C’est sur l’adulte (parents et/ou professionnels) que repose cette tâche de réguler les interactions entre enfants, et de leur apprendre à réguler d’eux-mêmes leurs relations avec les autres.

Nous proposons tout d’abord des éclairages un peu théoriques sur le « pourquoi ? » les enfants ont des conduites agressives. Puis nous vous présentons l’accompagnement que nous pouvons fournir aux enfants.

I – Les conduites agressives

Tous les enfants passent par des phases pendant lesquelles ils poussent, ils tapent, ils griffent, ou même mordent… et cela dure un petit moment. Parfois, nous ne comprenons pas vraiment le motif, car il n’y a aucune raison apparente. À quoi peuvent être liés ces actes que l’on considère comme « agressifs » ? Voici quelques hypothèses qui nous permettent d’analyser ces comportements afin de trouver des réponses adaptées.

1) Découverte de l’environnement, de l’« autre » (expériences des bébés)

Les approches que l’on considère comme « agressives » peuvent être considérées comme des façons de toucher autrui, entrer en contact, susciter des réactions, découvrir les siennes. Prenons l’exemple d’un enfant de 10 mois ou 1 an qui tire les cheveux d’un autre enfant qui est à proximité. L’intention n’est pas ici de faire du mal à l’autre, il s’agit d’une découverte : les cheveux et ce que l’on peut faire avec.

Le résultat suscité par cette expérience permet à l’enfant de découvrir aussi autrui, et l’aide à comprendre que les actions sur l’autre provoquent des réactions. Comment réagir ici en tant qu’adulte ? L’objectif n’est pas de laisser l’enfant faire du mal à l’autre, mais d’avoir à l’esprit que certaines conduites entrent dans le registre de la découverte de soi et de l’autre. L’attitude à avoir est alors d’apprendre à l’enfant avec calme mais aussi fermeté qu’il ne faut ni griffer, ni tirer les cheveux, ni mordre, etc… le but est d’aider l’enfant à passer de l’acte à la parole. En nommant la réaction de l’autre, en expliquant à l’enfant que tirer les cheveux fait mal et provoque des pleurs, cela lui permet de mieux comprendre le monde qui l’entoure et les autres.

2) À partir de 18 mois : relations avec les autres (affirmation de soi, conflits, etc.)

À partir de 18 mois les enfants entrent de plus en plus en relation entre eux. Les interactions peuvent être positives, mais également « négatives ». Les enfants sont attirés par les autres et passent des « câlins », à « je pousse » ou « je tape ». Ils découvrent les réactions des autres face à leurs actions. Là encore, il s’agit d’expériences des enfants les uns sur les autres. Il s’agit du processus de socialisation : j’apprends à être avec les autres, j’essaye de voir quel impact je peux avoir sur l’autre (je pousse : comment il réagit ? je recommence : est ce qu’il réagit de la même manière ?). L’accompagnement ici est de nommer, d’être médiateur dans les relations entre enfants. En apprenant par exemple à l’enfant « agressé » à dire « non », à dire à l’autre que « ça fait mal ».

3) Mal être, contexte familial difficile, empreint de violences

Les actes agressifs peuvent également être l’expression d’un mal être de l’enfant, d’une véritable souffrance. Ils sont souvent le reflet de ce que l’enfant voit dans un contexte familial compliqué ou instable. En effet, l’enfant imite les adultes, ils sont ses modèles. Des parents qui se disputent, qui ont des paroles ou des gestes « violents », cela montre à l’enfant que la violence et les gestes agressifs sont un moyen de communiquer « normal ». Ainsi, dans ses propres relations avec les autres, il est possible qu’il reproduise ce qu’il voit.

Il est aussi des destructions qui sont malheureuses, l‘expression d’un ennui, d’une détresse, ou pire d’un « fracas » . Les conduites agressives peuvent permettre à l’enfant de soulager un vide intérieur, qui prendrait racine dans un environnement peu stimulant. L’enfant peut agir ainsi pour exprimer un mal être. L’aspect répétitif de ces conduites nous alerte comme des signaux de détresse. L’enfant s’enferme dans  « la relation privilégiée négative », une relation faite d’agressivité, de « négatif ». Le rôle de l’adulte est d’aider l’enfant à valoriser ce qu’il y a de positif dans ses potentialités, et il y en a forcément. Les professionnels en crèche font abstraction de ce qui peut se passer à la maison (un contexte familial compliqué) pour s’occuper de la qualité de la journée ou des quelques heures passées avec cet enfant au sein de la crèche. Ce temps, même bref, est tout bénéfice pour l’enfant qui peut alors éprouver qu’il existe d’autres façons d’être en relation, que le conflit n’est pas l’unique moyen de communiquer, que l’attaque n’est pas toujours nécessaire. Un accueil de qualité est dû à ces enfants dont le milieu familial est difficile. Dans l’ignorance de ce qui se joue à l’extérieur de la crèche, c’est à tous les enfants que la qualité est due, car parfois la détresse est invisible en dehors de l’intimité familiale.

4) Collectivité = promiscuité / place dans le groupe / besoin d’individualité

Outre les situations d’ennui et d’inaction, celles de surnombre et de promiscuité sont particulièrement sensibles en crèche. En effet, nous observons souvent que si l’espace de sécurité intime est franchi, les enfants manifestent des réactions de protestation, de fuite ou d’attaque. Nous le constatons dans les moments pendant lesquels les enfants sont rassemblés (pour lire une histoire par exemple, pour se laver les mains…). Trouver sa place dans le groupe est une tâche difficile pour le jeune enfant, vite débordé par les autres. Notre rôle en crèche est alors d’aider chacun à se faire une place, c’est de reconnaitre l’individualité de chaque enfant, lui donner le statut de personne à respecter.

5) Besoins moteurs – taper, jeter, etc….

Ce qu’il faut savoir dans tous les cas de figure, c’est que l’enfant n’a pas l’intention de faire du mal. Il est dans une approche d’attaque, de défense de ses intérêts, mais son objectif est de « repousser », manifester quelque chose ; Ia notion de « faire du mal » n’est pas présente, il est bien trop petit pour élaborer tout cela et ne distingue pas encore le bien du mal. Par notre accompagnement en tant qu’adulte, il saura que c’est mal de faire ça et que c’est strictement interdit. Il est encore en construction, dans l’élaboration de ses réactions et la gestion de ses émotions.

Un enfant qui a sans cesse des comportements agressifs doit questionner l’adulte, tout autant qu’un enfant qui ne manifeste aucun signe agressif ; car c’est quelque chose de normal dans le développement de l’enfant lorsqu’il est en contact avec d’autres enfants et surtout lorsqu’il est en collectivité.

II – Notre accompagnement à la crèche

Souvent, l’agressivité est bannie, elle est mal perçue par les adultes (professionnels et parents). Alors qu’elle a besoin de s’exprimer comme toutes les autres émotions, telles que la joie, la tristesse. Néanmoins elle doit être exprimée de manière convenable. Il est alors intéressant de réfléchir à ce qui peut être mis en place pour que l’enfant puisse exprimer cette agressivité de manière permise et non contre les autres enfants ; par les jeux, par l’aménagement de l’espace, etc.

• L’intervention de l’adulte sur le moment / médiation

À la crèche, lorsqu’une professionnelle est face à des conduites agressives entre enfants, sa première réaction est d’intervenir afin de stopper la scène. Le « stop » est un moyen efficace pour arrêter une interaction négative en cours entre deux enfants. Puis nous essayons de questionner, de comprendre ce qui a pu déclencher cette réaction, tout en lui rappelant l’interdit (de pousser, de taper).

Ensuite, nous donnons à l’enfant d’autres solutions, outils pour qu’il s’exprime ou se défende autrement. S’il s’agit d’une colère, nous pouvons proposer à l’enfant de taper dans un coussin par exemple, afin d’évacuer cette émotion qu’il n’arrive pas à gérer.

Nous ne demandons pas à l’enfant « agresseur » de dire pardon à l’autre enfant. Pourquoi ? tout simplement parce que la notion de réparation n’est pas compréhensible pour l’enfant encore… lui demander de dire pardon n’a pas de sens pour lui, surtout s’il n’a pas eu l’intention de faire mal (tout comme pour demander de faire un bisou).

Nous sommes également attentives à ne pas coller d’étiquette à un enfant, à ne pas le considérer que par ses actes négatifs. En effet, nous portons une attention particulière à ce que chaque enfant soit valorisé et ne soit pas enfermé dans une image qui lui colle à la peau. Cela peut générer ce que l’on appelle « l’effet pygmalion » : celui qui prouve que la personne stigmatisée a de grandes tendances à se conformer à ce qu’on dit d’elle.

• Le travail d’observation

L’observation fine permet de voir ce qui peut se passer pour l’enfant. Parfois une conduite agressive d’un enfant vers un autre peut apparaître sans raison sur le moment. Mais si nous avons observé l’enfant sur toute la journée, peut être avons-nous relevé que plus tôt dans la journée, cet enfant qui a été « agressé » avait « volé » le jeu de l’autre quelques heures plus tôt.

Les réactions des enfants sont parfois en décalage avec les actions qui ont eu lieu plus tôt. Ce même enfant qui avait volé son jeu s’est approché de lui à ce moment-là. Le souvenir et la peur peuvent avoir entrainé alors une réaction d’agressivité. Lorsqu’il y a des conduites agressives répétitives nous nous concentrons sur cet enfant, et notons fréquemment des observations, afin de pouvoir relever où peut être la problématique et de tenter d’y répondre.

• Réflexions sur l’organisation et l’aménagement de l’espace

Nous avons bien conscience que parfois c’est l’organisation qui faille, et non l’enfant : trop de mouvements d’adultes, pas assez de disponibilité à un moment donné… Les moments de transition sont les plus délicats et sujets à ces moments d’agressivité. Nous sommes alors attentives dans l’équipe à ces moments-là, et nous prenons du recul sur l’organisation, afin de pouvoir réaménager nos postures si besoin, et de garder une attention individuelle et constante sur les enfants.

Parfois l’espace est trop exigu, étroit, alors que les enfants ont besoin de beaucoup de place pour se déplacer. Nous veillons alors à ce que l’espace soit suffisamment grand et ouvert afin que les enfants ne se retrouvent pas dans une proximité « forcée ». Lorsque les enfants expriment un grand besoin moteur, nous leur proposons au maximum de sortir sur la terrasse, ou nous leur prévoyons un espace dédié au « défoulage » : un espace vide pour sauter, se déplacer ou bien un espace de psychomotricité avec les blocs moteurs ou des parcours moteurs.

• Des jeux et du matériel pour se défouler

Les jeux d’imitation et d’imagination sont très bénéfiques pour les enfants plus grands. Ils peuvent rejouer des scènes en utilisant des poupées par exemple, ou des figurines. Nous les observons parfois se fâcher sur des poupées, ils expriment ainsi des scènes déjà vécues ou observées. A ce stade-là, l’enfant nous montre qu’il a compris les règles, les interdits, et il les intègre peu à peu.

En dehors de ces jeux d’imitation et de « faire semblant », nous prévoyons des temps « moteurs » dans la journée, car un enfant de moins de trois ans a besoin de bouger. Lorsqu’il est trop restreint dans ses mouvements, il peut décharger son énergie de manière « agressive ». Nous prévoyons alors des temps pendant lesquels les enfants peuvent vraiment courir, se défouler librement en toute sécurité.

Nous tentons de répondre aux besoins d’expression de l’enfant en les orientant vers ce qu’il est possible de faire. Si un enfant a besoin de taper, mordre, nous pouvons l‘orienter vers une poupée prévue à cet effet ou un coussin ; en tout cas, il faut que ça sorte ! alors autant que ce soit sur des objets sur lesquels cela est acceptable ! Tout ça est, bien sûr, toujours accompagné par la parole afin que l’enfant intègre les règles et les interdits de la vie en société.

CONCLUSION

Notre accompagnement en tant que professionnelles de la petite enfance est spécifique au lieu particulier de la crèche, où un certain nombre d’enfants est réuni dans un même endroit. Néanmoins, cela peut donner des pistes de réflexion aux parents, lorsqu’ils ont à gérer des situations de conflits avec leur enfant ou entre enfants (dans la famille, dans un parc, etc…). Dans tous les cas, ce qu’il est important de retenir c’est que l’on ne parle pas d’enfant « méchant » ou « violent ». Car il n’existe que des enfants qui sont dans la découverte du monde qui les entoure, avec son lot de limites d’interdits, d’interactions, etc… coller une étiquette à un enfant revient à ne le considérer que comme tel et l’enfermer dans des comportements négatifs. Il est essentiel de pouvoir voir l’enfant qui tape autrement qu’un enfant qui tape !

Pour finir il est important de préciser que la cohérence dans les propos des adultes est essentielle pour que l’enfant s’y retrouve (que ce soit à la maison ou à la crèche.) Dire les mêmes choses, les mêmes mots, avoir le même accompagnement est nécessaire pour que l’enfant puisse apprendre et intégrer les règles sociales. C’est à force de répétitions qu’il finira par comprendre et par se servir des mots pour réguler ses conflits

Comment est née la « Langue des Signes Bébés (LSB) » et s’est-elle développée ?

C’est aux États-Unis qu’elle a vu le jour, sous le nom de « baby signs » dans les années 1980. Il a été constaté à cette période, que les bébés vivant dans des familles sourdes utilisant la langue des signes communiquaient plus rapidement que les bébés de familles entendantes. A partir de là, des observations ont été réalisées et les bienfaits de la langue des signes ont été mis en lumière. Ces idées se sont étendues en France et prennent de plus en plus d’ampleur. Dans les années 2000, ce sont deux comédiennes sourdes et mères d’enfants entendant, qui se sont saisies de ce concept de LSB et qui l’ont véhiculé en France : Nathanaëlle Bouhier – Charles et Monica Companys. Des premiers livres ont fait leur apparition en 2006, et des associations commencent à se développer afin de faire connaitre la LSFB au plus grand nombre. Dans les établissements d’accueil de la petite enfance, les signes sont de plus en plus utilisés en accompagnement de la parole, sous forme de comptines, etc. Voyons de plus près en quoi consiste la LSB et quels sont ses atouts ?
 

Qu’est-ce que la LSB ? Quand l’utiliser ?

Ce sont des signes qui sont issus de la Langue des Signes Française (LSF) qu’utilisent les personnes sourdes et malentendantes. Ils sont néanmoins simplifiés car ils s’adressent aux bébés. Il ne s’agit pas d’utiliser la LSF dans toute sa complexité, mais de l’adapter aux plus petits, en utilisant des mots du quotidien. L’objectif est que les bébés puissent exprimer des choses (leurs besoins notamment, leurs sensations, etc) qu’ils ne peuvent faire lorsqu’ils n’ont pas encore les mots pour les formuler. Leur seul moyen d’expression à leur disposition est alors les pleurs. Pourquoi ne pas utiliser leur corps et notamment leurs mains, pour nous guider dans leurs besoins ? Il s’agit d’associer notre parole au signe correspondant (manger, boire, dormir…), afin que les bébés s’en saisissent et puissent le reproduire par la suite. Par la répétition de ces signes, les bébés peuvent les intégrer.

Nous pouvons nous demander : à quel moment utiliser ces signes ? Quand commencer ?

Eh bien, cela peut se faire dès la naissance du bébé. Même s’il n’est pas en capacité au départ de reproduire les signes, il les voit, il entend la parole associée et les enregistre dans sa mémoire. Ce n’est que plus tard que le bébé associe les mots aux gestes, à force de répétition. Peu à peu, vers 8-10 mois, l’enfant a la capacité motrice de reproduire des gestes simples, même s’ils ne sont pas reproduits à l’identique, il saura se faire comprendre. Plus les signes sont utilisés tôt, plus l’enfant s’en saisit et peut s’en servir de manière naturelle et spontanée.
Il est intéressant de savoir que les enfants maitrisent bien plus tôt et plus rapidement les muscles de leurs bras et de leurs mains que ceux de leur bouche. Par imitation ils peuvent rapidement se mettre à signer.

Pourquoi signer ? Quels intérêts ?

Utiliser la LSB n’est pas juste une « mode », cela a de réels bénéfices pour l’enfant et la relation adulte – enfant. Même si les signes s’estompent voire disparaissent lorsque l’enfant a les mots pour s’exprimer, signer avec bébé peut s’avérer utile, et dans tous les cas, est un « plus », qui enrichit la communication et les interactions.
 

Mieux comprendre l’enfant et répondre à ses besoins

Nous faisons déjà des gestes naturellement, comme par exemple lorsque nous disons au revoir. Le bébé, tôt, fait de même, spontanément, par imitation. Il associe le mouvement à la parole. Il s’agit de faire la même chose pour les gestes usuels. De cette manière, nous donnons à l’enfant la possibilité de s’exprimer et de se faire comprendre, avant de pouvoir parler. En effet, nous ne comprenons pas toujours bien les besoins des enfants, nous pensons parfois qu’il est fatigué alors qu’il a faim, nous ne détectons pas forcément quand il a soif, etc… Les signes permettent au bébé de pouvoir montrer ce qui peut les déranger, exprimer une émotion, sensation, et ce dont ils ont besoin. Cela peut éviter certaines frustrations liées à une réponse inadaptée. Une meilleure compréhension de l’enfant est donc le premier bénéfice de la LSB. Mais ce n’est pas le seul… un autre avantage est que cela renforce les interactions entre l’adulte et l’enfant…

Bénéfices dans la relation adulte – enfant

Le geste n’est jamais utilisé seul dans la communication avec le bébé, il est toujours accompagné de la parole, il enrichit alors l’interaction et la communication. Le fait de signer avec bébé, « oblige » en quelque sorte à capter son regard, à être face à lui lorsque nous lui parlons, afin qu’il puisse voir également le signe. Cette proximité lorsque nous communiquons avec bébé permet de renforcer les liens et de favoriser les échanges. Nous sommes ainsi dans un « face à face » qui renforce le lien.

Une ouverture sociétale sur le handicap

Par ailleurs, signer avec les enfants et leur transmettre quelques signes simples de manière ludique peut être bénéfique lorsque des enfants rencontrent des enfants atteints de surdité par exemple. Cela participe à mon sens à une ouverture sociétale, et nous permet d’expliquer à l’enfant qu’il existe des personnes qui n’entendent pas, et qui ne communiquent que de cette manière.
Après avoir travaillé dans une halte-garderie accueillant des enfants porteurs de handicap en même temps que des enfants « valides », j’ai observé des interactions entre enfants entendant et un enfant sourd non appareillé qui ne communiquait que par signes. Ces interactions étaient intéressantes et j’ai été surprise lorsque j’ai constaté que les enfants se sont saisi des signes que nous faisions avec cet enfant « différent ». Ils s’en sont appropriés certains, et, par imitation, communiquaient avec cet enfant sourd de cette manière. Toute la richesse est ici : de pouvoir ouvrir l’esprit de l’enfant à d’autres modes de communication, et lui transmettre des valeurs telles que l’acceptation de la « différence » et l’inclusion sociale. Car souvent, les enfants sourds restent ensemble, avec leur mode de communication propre. Pouvoir ouvrir ce cercle fermé en permettant aux “entendants” de faire un pas vers les personnes sourdes, c’est ouvrir des portes et rassembler les individus, quelques soient leurs différences.

Une des questions souvent soulevées est : la LSF ne retarde t’elle pas le langage oral de l’enfant ?

Aujourd’hui nous n’avons pas encore d’études montrant que les signes sont impactant de manière positive ou négative sur la parole. Ce qui ressort principalement des études menées jusqu’alors, c’est que cela favorise l’interaction adulte – enfant, et enrichit la communication entre eux. Ce qui est important c’est de toujours associer la parole au signe. Dans tous les cas, l’enfant tôt ou tard, parlera.
 

Projet LSB à la micro-crèche :

Notre objectif est d’apprendre et d’utiliser quelques signes simples, associés aux mots du quotidien, en direction des enfants. Nous utilisons les signes de base lorsque nous communiquons avec l’enfant, notamment sur ses besoins. 
En plus de pouvoir communiquer avec les bébés, la LSB nous permet d’apprendre des signes qui peuvent nous servir dans la vie de tous les jours, lorsque nous côtoyons des personnes atteintes de surdité. Notre projet étant d’ouvrir aux enfants porteurs de handicap, nous avons trouvé intéressant de nous mettre à signer des mots simples.
L’idée est bien sûr de transmettre aux familles ce que nous apprenons, et de les inclure dans ce projet pour celles qui le désirent. 

Citrus Fruits

Les repas
C'est pas toujours facile à table!

Votre enfant refuse de manger le repas que vous avez préparé. Il veut toujours manger la même chose. Comment l’encourager à goûter?

Que faire avec un enfant qui refuse souvent de manger?

Il est normal pour un tout-petit de ne pas aimer tous les aliments, et encore moins du premier coup. Cela dit, il est important que des aliments variés soient présents devant lui.

Il faut aussi lui offrir plusieurs occasions d’apprendre à les connaître, car plus de 20 repas peuvent être nécessaires avant qu’un enfant accepte de goûter un aliment. Et ça ne veut pas dire qu’il va l’aimer tout de suite. Il va peut-être avoir besoin de plus de temps pour apprécier sa texture et sa saveur.

Le partage des responsabilités

 

Selon le principe du partage des responsabilités développé par la nutritionniste Ellyn Satter, spécialiste de l’alimentation des enfants, l’adulte est responsable :

  • du menu, soit les aliments servis au repas (quoi)

  • de l’horaire des repas et des collations (quand)

  • de l’endroit où mange la famille (où)

Pour sa part, l’enfant est responsable :

  • de la quantité d’aliments qu’il mange (combien). Il pourrait même choisir de ne pas manger du tout un des aliments servis, et c’est correct.

Appliquer le partage des responsabilités aide votre enfant à développer ses goûts pour apprécier plus d’aliments au fil du temps, car ce partage permet d’instaurer un cadre rassurant à l’heure des repas et de respecter le rythme de ses découvertes. En plus, le partage des responsabilités vous aide à passer des repas plus agréables en famille, car vous laissez votre enfant manger sans commenter ce qu’il mange ou pas.

La plupart des enfants traversent une période de néophobie alimentaire. Ils refusent de nouveaux aliments, et même certains aliments qu’ils avaient pourtant l’habitude d’aimer. Si c’est le cas de votre enfant, continuez d’appliquer le principe du partage des responsabilités. C’est la meilleure façon de traverser cette période.

Le repas au centre de la table

Pour vous aider à respecter le principe du partage des responsabilités, vous pouvez déposer tous les aliments du repas au centre de la table au lieu de préparer les assiettes dans la cuisine. Lorsque tous les aliments prévus pour le repas sont sur la table, votre enfant s’habitue à leur vue, et c’est déjà une première étape. En voyant régulièrement ces aliments et en voyant les autres en manger, il y a plus de chances qu’il s’y habitue, qu’il en prenne et qu’il finisse par les aimer un jour.

Si votre enfant est en crise et dit qu’il a faim, mais qu’il refuse le repas servi, gardez votre calme. Puis, expliquez-lui qu’il y a plusieurs aliments différents sur la table et qu’il peut choisir parmi eux.

Si un enfant ne pense qu’au dessert, il est recommandé de mettre le dessert sur la table en même temps que le reste. Ainsi, il peut manger tout de suite sa portion de dessert pour, ensuite, se concentrer sur les autres aliments.

Quelques conseils pour les repas au centre de la table :

  • Déposez tous les aliments du repas au centre de la table afin que votre enfant voie ce qui est disponible.

  • Incluez toujours un ou deux aliments qu’il connaît et aime déjà.

  • Si votre enfant est âgé de 2 ans ou moins, préparez son assiette ou déposez des aliments sur la tablette de sa chaise haute en incluant une petite quantité de chaque aliment prévu pour le repas. Laissez-le manger ce qu’il a envie parmi ces choix.

  • Si votre enfant a 3 ans, invitez-le à se servir lui-même en mettant à sa disposition des ustensiles faciles à utiliser et aidez-le au besoin. Il peut aussi vous montrer ce qu’il veut que vous mettiez dans son assiette.

  • À partir de 4 ans environ, laissez votre enfant se servir lui-même.

  • Évitez de commenter ce qu’il met ou ne met pas dans son assiette.

  • Mangez avec lui et montrez que vous appréciez le repas.

Servir un autre repas, une bonne idée?

Pour s’assurer que leur enfant mange quelque chose au repas, certains parents sont tentés de lui offrir un autre repas, un bol de céréales ou une rôtie au beurre d’arachide. Ce n’est toutefois pas une bonne idée.

En effet, même si elles règlent le problème dans l’immédiat, ces solutions ne sont pas recommandées, car elles diminuent les chances que l’enfant goûte à de nouveaux aliments à l’avenir.

L’enfant devrait se contenter des aliments qui sont sur la table. C’est pour cette raison que le repas doit comporter un ou deux aliments qu’il aime afin qu’il puisse tout de même manger (ex. : fromage, riz, légume).

Un horaire régulier… et flexible

Selon le principe du partage des responsabilités, vous, parents, décidez de l’horaire des repas et des collations. Cet horaire s’adapte à votre réalité et à l’appétit des membres de la famille. Vous pouvez d’ailleurs modifier l’heure des repas de plus ou moins 30 minutes pour l’adapter à vos besoins de la journée. Évitez toutefois de trop repousser le moment du repas, car plus le temps passe, plus votre enfant est fatigué, et la fatigue nuit à l’appétit. Voici deux points à prendre en considération concernant l’horaire :

  • La collation doit être assez éloignée du repas pour donner à votre enfant le temps de développer sa faim;

  • Si votre enfant n’a pas faim à l’heure prévue du repas, demandez-lui tout de même de s’asseoir avec vous à table afin de passer un agréable moment, qu’il mange ou non.

Pourquoi certains enfants veulent-ils toujours manger la même chose?

Il est normal qu’un enfant hésite à manger, ou même à goûter, certains aliments.

Il est normal qu’un enfant préfère certains aliments à d’autres. Ses aliments préférés sont généralement ceux qu’il connaît le mieux, car ils sont rassurants pour lui. Il ne prend aucun risque lorsqu’il les mange : il sait qu’il va les aimer.

Pour aimer de plus en plus d’aliments en vieillissant, l’enfant doit avoir l’occasion d’apprendre à en connaître plusieurs. C’est le rôle des parents de varier le menu de leur tout-petit pour lui en faire découvrir d’autres.

En ayant régulièrement des aliments nouveaux ou qu’il aime moins devant lui, l’enfant apprend petit à petit à les connaître. Il est important de le laisser apprivoiser ces nouveaux aliments à son rythme sans le forcer à manger.

Si votre enfant veut toujours manger le même aliment (ex. : du pain ou des pâtes), rappelez-vous que, selon le principe du partage des responsabilités, c’est vous qui décidez du menu. Il peut y avoir régulièrement du pain ou des pâtes au repas, mais ne faites pas le menu en fonction de cette préférence. Au repas, permettez-lui de manger son aliment favori, tout en lui enseignant à partager. Expliquez-lui qu’un membre de la famille ne peut pas manger tout le pain, car les autres en veulent aussi.

Comment encourager votre enfant sélectif à goûter de nouveaux aliments?

  • Invitez votre enfant à goûter chaque aliment, mais n’insistez pas, car cela pourrait diminuer son envie d’essayer.

  • Offrez-lui un seul aliment nouveau à la fois et mettez toujours sur la table au moins un aliment qu’il aime.

Votre enfant sera davantage tenté de goûter à un aliment s’il voit que vous l’aimez aussi.

  • S’il dit avoir déjà essayé avant, répondez-lui qu’il ne goûtera peut-être pas la même chose que la dernière fois, car les goûts changent.

  • Montrez l’exemple en mangeant vous-même le nouvel aliment avec plaisir. Comme vous êtes son modèle, il aura envie de vous imiter.

  • Ne le forcez pas à goûter, car il associerait l’aliment à une émotion négative. Un sentiment d’anxiété ou d’insécurité à table est contre-productif.

  • Évitez de vous fâcher, de faire des reproches ou de négocier pour que votre enfant mange un aliment. Le plus important est qu’il développe ses goûts pour des aliments variés. Par contre, les chances qu’il essaie et apprécie de nouveaux aliments sont très faibles s’il associe le moment du repas aux chicanes et aux pleurs.

  • Faites participer votre enfant à la planification des repas en le laissant choisir un repas. Pour le guider, vous pouvez le faire choisir entre deux options. Le menu ne doit toutefois pas être fait uniquement en fonction de ses préférences. Lorsque c’est possible, amenez-le à l’épicerie et encouragez-le à préparer les repas avec vous. Puisqu’il sera fier d’avoir mis la main à la pâte, il sera plus porté à manger les plats qu’il aura aidé à préparer. Même les tout-petits de 2 ou 3 ans peuvent donner un coup de main.

Voici des exemples de phrases pour inciter votre enfant à goûter :

  • « Voici les aliments qu’on a préparés pour ce soir. Mets ce que tu veux dans ton assiette pour y goûter. »

  • « J’aime beaucoup cet aliment. Il est croquant et un petit peu sucré. »

  • « Grand-maman le préparait de cette façon aussi quand j’étais petit, ça me rappelle de bons souvenirs d’en préparer à mon tour. »

Voici des exemples de phrases à éviter :

  • « Je ne suis pas content, car tu n’as pas mangé ta viande. »

  • « Tu ne pourras pas sortir de table tant que tu n’auras pas goûté au chou-fleur. »

Pourquoi un enfant refuse-t-il de manger?

Différentes raisons peuvent expliquer qu’un enfant refuse de manger. Parfois, c’est parce qu’il n’aime pas ce qui est au menu, mais d’autres fois, c’est davantage le contexte autour du repas qui est en cause. Il est donc important d’observer ce qui se passe autour de l’assiette, et pas seulement ce qu’il y a dedans pour comprendre pourquoi un enfant refuse de manger.

Voici des explications possibles au refus de manger de votre enfant :

  • Sa croissance ralentit.

  • Il n’a pas faim.

  • Il ressent un inconfort ou une douleur.

  • Il est contrarié.

  • Il n’est pas confortablement assis.

  • Il a besoin de bouger.

  • Il est fatigué.

  • Il est distrait ou stimulé par autre chose.

  • Il ressent une pression à manger.

  • Il veut manger seul (recherche d’autonomie).

  • Il vit une période de néophobie alimentaire.

  • Il a des préférences très arrêtées sur certains aliments.

Votre enfant n’a peut-être pas l’âge pour vous exprimer ce qu’il ressent, et il comprend probablement lui-même mal ce qui se passe. Chose certaine, il est en apprentissage et a besoin de votre patience, de votre constance, de votre confiance et de votre bienveillance pour développer ses goûts. C’est normal que vous trouviez cela difficile, mais faites preuve d’indulgence envers vous-même. Votre valeur comme parent ne tient pas à ce que votre enfant mange ou pas.

À retenir

  • Même si votre enfant n’aime pas un aliment, il faut quand même lui en offrir régulièrement afin qu’il s’y habitue.

  • Ne servez pas un autre repas à votre enfant s’il refuse celui qui est prévu.

  • Ne forcez pas votre enfant à goûter les aliments et n’insistez pas non plus pour qu’il le fasse.

  • Montrez à votre enfant que vous aimez ce que vous mangez.

2007-2010

Parents-Professionnelles : une relation de complémentarité

L’évolution du regard porté sur l’enfant et les crèches…

IL y a quelques décennies, les crèches étaient des modes de « garde ». Elles permettaient aux parents de faire garder leurs enfants pendant leur temps de travail. Et l’enfant, lui, n’était pas autant pris en considération qu’aujourd’hui. En effet, la perception et le regard que l’on porte sur l’enfant a bien changé. De nombreux chercheurs s’intéressent désormais à lui et à ses compétences. Avec l’avènement des neurosciences, nous connaissons beaucoup mieux l’enfant, ce qui se passe au niveau de son cerveau, et nous ne le considérons plus comme un être à modeler / conditionner, mais comme un petit humain en devenir, à accompagner dans son développement (physique, émotionnel, intellectuel, social).

C’est donc en partie pour cela que les missions des crèches se sont aussi développées. Il ne s’agit pas (que) de « garder » votre enfant, cela va bien au-delà. Il s’agit d’accueillir et d’accompagner l’enfant et sa famille au quotidien. Notre rôle en tant que professionnelles n’est pas un rôle de « surveillance » et d’animation. C’est un rôle d’accueil, d’accompagnement et d’éducation, ainsi que d’écoute et de soutien à la parentalité. Nos professions et nos missions ont évolué avec les nouvelles connaissances sur l’enfant, notre engagement également !

Ce sont certes, des mots, mais qui ont toute leur importance car ils témoignent de l’évolution des modes d’accueil, de notre investissement et le vôtre.

 

L’accueil au cœur de nos valeurs

Pour nous, accueillir ce n’est pas simplement être accueillant, c’est aussi accompagner, être partenaire. Accueillir c’est écouter, être disponible, proposer des espaces où accueillir l’enfant et ses parents. Il est certain que vous êtes les premiers éducateurs de votre enfant mais nous sommes aussi responsables de son éducation lorsque vous l’accompagner dans la Micro Crèche.

L'équipe réfléchi à des accueils et des accompagnements personnalisés, à des démarches pédagogiques bénéfiques, utiles pour l’enfant et sa famille en fonction des situations présentes au sein de notre Micro Crèche. L’objectif  est de proposer un environnement quotidien réfléchi ainsi qu’une attitude adaptée qui participeront à l’épanouissement global de votre enfant. C’est pour cela qu’il est essentiel pour nous de maintenir, d’entretenir un lien étroit avec vous, et ce, par le biais des « transmissions », qui caractérisent nos rencontres et échanges au quotidien.

Le rituel des transmissions est en effet, un incontournable de la vie à la micro crèche. Il permet de donner le ton de la journée que va passer votre enfant en notre compagnie. Pour l’équipe, ce que vous nous transmettez en début de journée a pour objectif de mieux connaitre votre enfant afin d’assurer une réelle continuité entre la maison et la Micro Crèche. Collaboration et partage sont les maitres mots de l’accueil tel que nous le concevons.

 

Que transmettre ? Du coté des familles et des professionnelles

 

En effet, il est important pour nous d’avoir des informations sur son vécu quotidien à la maison : Comment va-t-il ? Comment a été sa nuit ? Quelle est son humeur aujourd’hui ? A-t-il bon appétit ? Toutes ces questions nous permettront de mieux répondre à ses besoins, autant sur le plan physiologique que psychologique pour la journée qu’il va passer à la crèche.

De même, il nous apparait essentiel d’être en véritable coopération avec vous lorsqu’un changement important survient dans la vie familiale et notamment celle de votre enfant : une naissance à venir (un petit frère ou une petite sœur), un déménagement, un parent en déplacement pour raisons professionnelles, une peur ou une angoisse qui se manifeste, l’arrivée d’un ou de plusieurs membres de la famille pendant quelques jours, un décès (famille proche ou animal) … Tous ces changements (même les plus petits) peuvent apparaitre comme de grands bouleversements pour votre enfant. Afin que nous puissions vous soutenir au mieux dans ces différentes situations, il nous semble nécessaire de les connaitre pour nous permettre de mieux comprendre ce que vit votre enfant et l’accompagner dans ce qu’il ressent (mettre des mots sur ses émotions, lui expliquer et discuter avec lui, lui proposer de lui lire des livres adaptés à sa situation, etc…)

Ce temps d’accueil est avant tout, pour nous comme pour vous, un moment d’échanges et de soutien sur ce que peut vivre et ressentir votre enfant au quotidien, mais également sur les incidences, à la fois positives et négatives que peuvent représenter les changements pour votre enfant.

C’est également pour cela que nous attachons beaucoup d’importance à vous retransmettre le soir le déroulement de la journée de votre enfant. Outre le retour sur ses besoins physiologiques (repas, sieste, selles…), nous nous efforçons d’avoir un regard, une observation, une anecdote sur chacun de vos enfants à la fin de la journée afin de donner vie à ce qui a pu se passer pour eux alors que vous n’étiez pas présents.

Nous tentons de vous raconter ses expériences et ses jeux, ce qu’il aime ou n’aime pas : « il a beaucoup aimé ce livre en particulier », « il était en forme, il a joué dehors, a crié, couru, il s’est bien dépensé », « il a chanté la chanson petit papa noël avec telle ou telle professionnelle », « il a goûté la pâte à sel et a fait une drôle de tête cela nous a fait beaucoup rire ».

Mais également sur comment il a vécu sa journée, les émotions qu’il a pu ressentir… : « nous ne l’avons pas trouvé en forme, il a gardé très souvent sa tétine et son doudou avec lui, a beaucoup demandé l’attention de l’adulte », « il a beaucoup crié aujourd’hui, il nous a semblé en colère ».

Puis comment il évolue à la crèche, en relation sans cesse avec d’autres enfants et adultes.

Cela permet de créer un véritable échange entre le parent et les professionnelles, et nous permet de mieux connaitre votre enfant à travers ce que vous nous en dites, ce qui implique un accompagnement au plus proche de ses besoins dans une cohérence.

Lorsqu’un professionnel montre au parent que son travail contribue aux éveils, à la socialisation de son enfant, celui-ci peut s’informer et faire sien des outils, des manières de faire et inversement (un parent peut expliquer comment il propose des activités, des rituels à son enfant pour que le professionnel puisse s’en saisir) ; C’est aussi ça, les transmissions.

Pour conclure, ce temps de « transmissions » quotidien est ce qui permet de créer un véritable lien d’échanges, de discussions entre parent, enfant et professionnelle. Ce temps, parfois trop court par manque de temps, reste un précieux moment.

 

A savoir que si un parent souhaite prendre davantage de temps pour parler de son enfant, des problématiques ou seulement pour faire le point sur son évolution, cela est possible en prenant un rdv pour consacrer un temps plus long à la discussion. Notre écoute et accompagnement ne s’arrêtent pas à ce petit temps quotidien !

bottom of page